DRH à temps partagé

NOUVEL ELDORADO POUR LES CONSULTANTS OU SIMPLE EFFET DE MODE ?

Depuis 2009, j’ai eu l’occasion de piloter une trentaine de missions de DRH à temps partagé. Pour être plus précis mes rôles ont été : de trouver et rencontrer les clients, leurs présenter la prestation externalisée, l’adapter au contexte précis de leur besoin, identifier l’intervenant idoine et suivre ces missions en tant que chef de projet.

Ces expériences très riches et diverses m’ont permis de tirer un certain nombre d’enseignements pour les intervenants à temps partagé et pour les clients.

FLEXIBILITÉ, FLEXIBILITÉ, FLEXIBILITÉ…

Si on cherche un adage pour définir le temps partagé, comme le très célèbre « l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement » pour l’immobilier, ce serait « flexibilité, flexibilité, flexibilité ». Le tout dernier « baromètre du temps partagé » publié par le Portail du Travail à Temps Partagé confirme cette attente de l’entreprise utilisatrice ; d’après cette étude : « Côté employeur, le temps partagé apporterait davantage de flexibilité (31%), une meilleure gestion des coûts (28%), des expertises plus pointues (31%) avec la possibilité de solliciter les services d’un professionnel averti pour quelques heures ou quelques jours par semaines ». A titre d’exemple, je viens de finaliser la mise en place d’une DRH à temps partagé dans une entreprise de 30 personnes située dans la région Parisienne dans le domaine de la chimie. L’intervenant démarrera par une intervention de 2 jours par semaine pendant 3 mois, puis diminuera sa présence à 1 jour par semaine par la suite, en sachant qu’il n’interviendra pas pendant les congés scolaires et la période estivale. Dans les faits, un consultant qui aurait du mal à accepter de la flexibilité aurait aussi du mal à garder la mission. Mais ce ne sont pas les seules attentes du client vis-à-vis de son consultant.

UN EXCELLENT GÉNÉRALISTE AVEC BEAUCOUP DE DISPONIBILITÉ ET D’ORGANISATION

En rédigeant cet article, je me suis penché sur toutes les taches réalisées par nos consultants durant leurs différentes missions en DRH à temps partagé et j’ai été surpris par leur étendue et leur richesse. Je les ai recensées sans ordre particulier : gestion de la mutuelle, gestion de la pénibilité, établissement du document unique d’évaluation des risques, gestion des seniors, rédaction et mise en place d’accords d’entreprise variés, gestion de la politique de la mobilité et du plan de succession, gestion de la politique salariale, établissement des contrats de travail, vérification de la paie, établissement du bilan santé sécurité et des conditions de travail, mise à la retraite de salariés, rédaction et mise en place de chartes, mise en place d’un dispositif d’alerte professionnelle, gestion des recrutements, gestion des licenciements disciplinaires et économiques etc. et j’en oublie forcément !!! Il est clair que le DRH à temps partagé doit pour couvrir tous ces sujets divers et passionnants, être particulièrement disponible, organisé, avec l’agilité d’un véritable couteau suisse et enfin être un excellent généraliste de la fonction. Prime ainsi aux consultants expérimentés avec suffisamment de bouteille qui se sentiront d’autant plus à l’aise pour gérer cette multitude de taches hétéroclites. D’autant plus que le degré d’exigence des clients est souvent inversement proportionnel à leur taille.

DES TPE – PME TRÈS EXIGEANTES

On pourrait penser que TPE et PME ne riment pas avec professionnalisme et rigueur. Je ne veux pas faire une généralité de nos clients mais les TPE (la plus petite compte 6 personnes) et les PME (la plus grosse compte 80 personnes) qui m’ont fait confiance en mettant en place une DRH à temps partagé sont d’une rigueur et d’une exigence implacables. Sans doute car l’aspect budgétaire est particulièrement important et le retour sur investissement d’une telle prestation est fondamental, mais le temps d’adaptation des intervenants lors d’un démarrage d’une mission est infime : pas une seconde à perdre et pas d’excuse en cas d’erreur ! Là encore, prime à la maturité et à l’expérience des intervenants qui devront être immédiatement opérationnels. Autre facteur important, le consultant doit aimer la TPE et la PME, la proximité avec ses dirigeants et ses équipes. Pas question de fermer sa porte ou mettre son téléphone en mode silence, en cas de besoin, le consultant doit être immédiatement joignable et « dévouer corps et âme » à son client.

DES MISSIONS QUI ONT UNE DATE DE DÉBUT MAIS PAS TOUJOURS UNE FIN

L’exigence, l’implication, la disponibilité, le professionnalisme, l’organisation, la polyvalence et encore bien d’autres qualités sont les attentes des clients vis-à-vis de leurs consultants. Mais en contrepartie quel bonheur de travailler dans la continuité, la confiance et l’indépendance. A ce jour au sein du cabinet, nous avons des missions de DRH à temps partagé qui durent depuis 10 ans pour lesquels nous avons même eu plusieurs intervenants successifs. La liberté du client de pouvoir arrêter la prestation à tout moment crée un véritable climat de confiance, on en revient au début de notre propos sur le bienfait de la flexibilité ! Quand une relation de confiance s’est instaurée entre le client et le consultant, la mission a une date de début mais pas de date de fin et c’est une relation stable qui peut s’installer avec une assez bonne prévisibilité économique et d’activité pour le consultant. J’ai eu toutefois quelques cas de fin de mission : la croissance et la taille de l’entreprise ont nécessité d’internaliser la fonction RH en recrutant un DRH salarié à temps plein ; un client a aussi souhaité embaucher son consultant. Sur ce dernier cas, je déjeunais tout récemment avec une consultante qui s’était faite embaucher par son client et qui m’expliquait qu’elle le regrettait amèrement car depuis son embauche, elle avait perdu son indépendance et le lien de subordination avait changé ses rapports avec son PDG.

CONCLUSION : LA DRH A TEMPS PARTAGÉ, ELDORADO DU CONSULTANT ! OUI MAIS PAS POUR TOUT LE MONDE !

Depuis plusieurs années, nous constatons un regain d’intérêt des entreprises pour la DRH à temps partagé. Y compris de sociétés de plus en plus petites, prenant conscience de l’importance de la gestion de leur personnel, de l’impact économique en cas d’erreurs et de la complexité du droit social Français. Le récent baromètre du portail du travail à temps partagé fait ressortir une certaine euphorie des consultants sur les prestations à temps partagé : « Appréciant la richesse des missions et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, les professionnels qui ont basculé dans le temps partagé disent ne pas vouloir y renoncer ! ». Je compléterais ces témoignages enthousiastes par un autre aspect qui n’est pas le moindre : la sécurité financière pour le consultant assuré d’honoraires récurrents dans la durée. Mais attention, les prestations à temps partagé ne sont pas pour tout le monde. Les consultants qui réussissent ne sont pas des petits jeunes fraîchement sorties des bancs de l’école, même les plus prestigieuses. Comme le bon vin, ce sont des personnes ayant mûri, avec beaucoup d’expérience professionnelle et de dextérité qui n’ont pas peur de s’investir et de s’impliquer totalement dans leur mission.

Loïc AMZALAK
Expert temps partagé, transition, recrutement, conseils RH.

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